Un jalon historique qui marque l'origine de notre questionnement
La Tour Eiffel semble éternelle, tant elle caractérise visuellement notre capitale.
Ainsi, dès sa construction, les photographes ont cherché à la représenter sous tous les angles, sur le fond d’un ciel clair ou dans les brumes d’altitude. En tout cas, comme moi, ils ont commencé par tourner autour de cet objet ingrat à insérer dans le cadre restreint du viseur. En effet, comment emplir l’image avec une flèche si fine environnée du vide céleste qui la porte si souvent aux nues !
Sujet ingrat, s’il en est, disais-je donc, mais sujet classique à traiter. De la sorte, il convient de regarder cette masse de poutrelles d’acier agencées à la façon du XIXe Siècle : époque d’ailleurs qu’elle semble exalter aujourd'hui de son brio toujours renouvelé ? Car c’est évidemment le siècle de l’apothéose de l’ère industrielle naissant. Or, c’est précisément cette ère que l’on voit s’effondrer sous nos yeux. D’ailleurs, s’il fallait refaire la Tour Eiffel maintenant – on y mettrait sûrement deux fois moins de ces fers rivetés à l’ancienne – on y collerait plutôt ensemble des profils en matériaux composites, souples comme l’air, qui de ce fait vibreraient dans un concert divin venu de sa cime acérée. Cela au bénéfice de nos nouvelles technologies supposées durables : Serait-ce mieux de la sorte ? Serait-ce même possible ? Franchement, je ne nous vois pas là entreprendre un tel projet, aussi démentiel, car ce qui fut possible autrefois ne paraît a priori plus envisageable de nos jours.
Alors, début 2011, en contemplant la Tour Eiffel, je songe plutôt à un jalon historique qui rappelle l’origine de notre questionnement face aux enjeux économiques, écologiques et sociaux du moment. Car ce vieux monde, où l'on avait agencé l’acier en masse pour construire une élévation de type mégalomaniaque, n’est vraiment plus d’actualité. N'est-ce pas ?
Pourtant, on s’en souvient encore avec nostalgie, sans doute grâce à ce monument emblématique, à ce cliché de Paris.