Les Basses Vallées Angevines
Cette série de paysages fait partie d’un ensemble de trois approches photographiques ayant pour thème commun les Basses Vallées Angevines.
Chaque ensemble d’images montre de manière différente les effets des inondations sur les paysages.
Espace naturel sensible, les Basses Vallées Angevines se situent principalement au nord d’Angers. Elles constituent la dernière grande zone alluviale naturelle en France, totalisant plus de 6000 hectares de prairies. Zone majeure d’expansion des crues hivernales et printanières, elle recueille les eaux des rivières Mayenne, Sarthe et Loir, et est directement sous influence de la Loire. En été, une flore comportant de nombreuses espèces remarquables s’y développe. Ces surfaces herbées ne peuvent qu’être exploitées de façon extensive.
Or ces vastes étendues inondées plusieurs mois par an présentent de multiples faciès en fonction de la durée de submersion.
Le dernier travail à la chambre photographique que je présente (BVA3) vient conclure – sans doute provisoirement – un parcours qui s’est étendu sur une période d'un peu plus de dix ans.
Dans le cas particulier de cette série, il s’agissait de rendre-compte de manière précise de l’éveil de la nature sur le sol après plusieurs longues semaines d’immersions. Mais, il s’agissait aussi de situer cette « intimité sauvage » qui se dévoile tout juste au sein des espaces plus vastes du territoire qui la contient.
Pour réaliser ce projet, je n’ai utilisé a contrario que le cadrage vertical. Il vient en effet déjouer la logique de linéarité systématique des longs horizons des lieux. De plus, cela favorisait ma volonté de prendre plus particulièrement en considération la richesse des matières dans le tout premier plan de l’image. Je donne ainsi à voir de près l’ordre complexe et riche de cette nature renaissante.
Grâce aux possibilités techniques du grand-format de prise de vue, j’ai donc pu montrer avec netteté la relation graphique qui existe entre la proximité et le lointain. Ainsi, j’ai traité les éléments naturels avec rigueur dans la composition, comme on photographierait en architecture, en mettant graphiquement en relation les éléments. J’ai toujours choisi un ciel sans nuage pour justement privilégier les parties graphiques des arrières plans qui viennent en écho aux éléments détaillés très proches. Cela m’a permis aussi de garder une cohérence des éclairages qui accentue l’idée de suite de l’ensemble des clichés.
En définitive, toute cette mise en forme créée une nouvelle perspective détaillée visible dans les photographies ; elle renforce l’idée de dualité intrinsèque entre le proche et l’éloigné, disposés sur le même plan image.
Dans sa dynamique propre, la photographie invite donc l’esprit à ressentir la dimension profonde et finalement très structurée des lieux de cette nature si spécifique des zones inondables Angevines.