Denis Libeau Photographie

LA RUSSIE


Moscou ........................................................................ St Pétersbourg


En Russie - 2010


« Celui qui ne regrette pas la chute de l’Union soviétique n’a pas
de cœur ; celui qui souhaite son rétablissement n’a pas de tête » 

Cette citation a été plusieurs fois exprimée par des responsables politiques russes, elle pourrait résumer la situation que j'ai perçu en Russie.
Ce grand pays semble en effet avoir les difficultés d’ouverture liées à la mondialisation régnante. Si la régulation autoritaire de l’ère soviétique laissait l'URSS dans une douce quiétude, le libéralisme actuel génère une angoisse existentielle face à un avenir plus incertain. D’ailleurs, la crise mondiale est venue renforcer le sentiment d'inquiétude ressentie par les Russes sur les risques encourus d'un phénomène arrivé de l’ouest de financiarisation - mal maîtrisée - de l'économie. En même temps, dans cette période de transformation, le
« boum » de la consommation de produits occidentaux apparaît comme le but inconsidéré de tout un chacun.
Certes, l’ère de l’Union Soviétique est bien finie depuis 1990 mais comme le rappelle Hélène Carrère d’Encausse la Russie n’a pas encore trouvé son véritable chemin : « Il en résulte un pays tiraillé entre sa vocation européenne et les opportunités que lui offre l’Asie [...] La Russie est désormais face à une décision fondamentale : choisir entre se sentir vraiment asiatique ou jouer la carte asiatique tout en restant européenne ».
Pour le moment, au fil des rues, le promeneur constate – comme j’ai pu le faire moi-même – que les Russes paraissent plongés dans la logique du consumérisme dominant. Cette nouvelle réalité socioéconomique se confronte évidemment avec le patrimoine architectural et culturel qui rappelle fortement la rigueur de l’ancien régime soviétique. Ainsi, dans mon travail photographique apparaît souvent en perspective cette modernité banale du quotidien (comportementale ou esthétique) et l’environnement historique parfois désuet dans ce qu’il peut être dépassé par son caractère hégémonique ancien, qui reste toutefois attachant. Ces sentiments mêlés m’ont beaucoup guidé vers mes rencontres photographiques impromptues à Moscou et à St Pétersbourg en ce mois caniculaire de juillet 2010, peu avant que les épais et tenaces écrans de fumée des incendies de forêts ne déferlent sur la capitale.